lundi 19 mai 2014

Godzilla, de Gareth Edwards (II) (2014)

Godzilla, réalisé par Gareth Edwards (II), avec Aaron Taylor-Johnson, Bryan Cranston, Ken Watanabe, Elizabeth Olsen (2h03min)

Synopsis

Godzilla le célèbre monstre va rétablir l'équilibre naturel aux côtés des hommes...

La critique de Vince

Monument de culture populaire et figure emblématique du genre Kaijü Eiga, Godzilla est probablement le monstre le plus célèbre au monde. Pour sa deuxième adaptation américaine après le lamentable nanar de Roland Emmerich en 1998, c'est le jeune Gareth Edwards (II) - réalisateur du prometteur Monsters en 2011 - qui s'y colle. Un trentième film en l'honneur du roi des monstres aussi impressionnant que frustrant.

En effet, ce qui devait être le fantasme de geek ultime rate à peu près tout ce qu'il entreprend : des personnages-fonction sans aucune épaisseur psychologique, un récit bancal rempli de lourdeurs scénaristiques, des scènes d'action anorexiques et surtout un cruel manque d'émotion. Contrairement à Pacific Rim, où Guillermo Del Toro sublimait avec brio ses personnages autant que ses monstres, ce Godzilla-là pèche par son terrible manque d'enjeux émotionnels et sa déplaisante manière de délaisser l'humain au profit d'une action chaotique mais jamais sidérante. En sous-exploitant et éjectant trop rapidement ses deux excellents acteurs (Bryan Cranston et Juliette Binoche), le jeune réalisateur anglais prive son film de toute densité émotionnelle, laissant l'insignifiant Aaron-Taylor Johnson porter le reste de l'histoire. Le scénario, tombant dans tous les clichés et multipliant les sous-intrigues inutiles, est un condensé de ce qui se fait de pire dans le blockbuster américain actuel. Malgré sa beauté visuelle, Godzilla est loin de tenir toutes ses promesses.

Si l'on doit reconnaître un sens certain de la mise en scène chez Gareth Edwards (II) pour distiller la peur avec intelligence, il n'en demeure pas moins frustrant dans l'action pure. Réduisant les humains à un état de stupéfaction et d'impuissance, la mise en scène du réalisateur est traversée par quelques plans brillants mais tourne très vite à la parodie. Là où Spielberg alternait brillamment plans à échelle humaine et pure mise en scène dans La Guerre des Mondes, Gareth Edwards (II) n'exploite jamais ses rares bonnes idées, accumulant les séquences frustrantes. Cette frustration naît d'un manque de générosité flagrant (pas de scènes d'action de plus d'une minute) qui se ressent dans un climax d'une faiblesse qui fait peine à voir, avec un Godzilla balourd incapable de se traîner sur plus de dix mètres. Le final dantesque tant attendu ne se résume finalement qu'à une poignée de plans charcutés par un montage des plus maladroits.

Au final, Godzilla ne génère qu'un ennui mortel, entre dialogues militaires barbants illustrés platement et scènes d'action rapidement avortées. Un blockbuster décevant, sans ampleur et grotesque par instants, que l'on oublie aussitôt sorti de la salle. Une immense déception, certes respectueuse du mythe original mais totalement à côté de la plaque. Pour ce qui est du Kaijü Eiga, mieux vaut redécouvrir le magnifique et généreux Pacific Rim de Guillermo del Toro.

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