vendredi 6 juin 2014

The Homesman, de Tommy Lee Jones (2014)

The Homesman, réalisé par Tommy Lee Jones, avec Hilary Swank, Tommy Lee Jones, Grace Gummer, Meryl Streep, Miranda Otto (2h02min)

Synopsis

Lors des prémices de la conquête de l’Ouest, Mary Bee Cuddy, fermière indépendante du Nebraska, est chargée de ramener trois jeunes femmes mariées ayant perdu la raison dans l’Iowa. Durant son périple, elle sauvera la vie d’un mystérieux vagabond qui lui fournira son aide en échange...

La critique de Mattou

Pourquoi se rendre en salle voir le second film de l’encore juvénile réalisateur et scénariste M. Jones. Près de dix ans après son Trois Enterrements sorti en 2005, Tommy Lee revient sur le devant de la scène cannoise, une fois de plus derrière la caméra, pour un nouveau western frais et mélancolique. Tout ce que l'on peut dire, c’est que la satisfaction est bien réelle. À peine le film entamé, nos yeux se rivent d’emblée devant les somptueux et doux paysages formant cet éblouissant tableau d’époque malicieusement reconstitué. C’est vraisemblablement l’un des atouts majeurs du long-métrage. Le cinéaste sait parfaitement bien où et comment placer son objectif. À chaque plan, la photographie est tellement superbe que c’est à se demander si des images de synthèse n’y ont pas été parfois incorporées.

Mary Bee, jouée par une excellente Hilary Swank dont les traits de visage restent décidément ancrés dans nos têtes, se révèle être une femme rude et désespérée des hommes, ne croyant plus qu’à un amour divin et non humain. C’est en ayant égaré tout espoir qu’elle se plonge dans sa quête, hantée par un trop-plein d’amertume mais également de compassion. Curieusement, on éprouve de la pitié envers cette demoiselle trentenaire qui n’a toujours pas de mari et est en parfaite santé, tandis que les jeunes femmes composant son fardeau sont mariées et bel et bien aliénées. Quelle ingénieuse et délicate ironie du sort. Tommy Lee Jones apparaît peu après à l’écran, sale et crasseux, interprétant un personnage faible et quelque peu grotesque, ce qui semble bizarrement paradoxal avec la suite du film où le nouvel héros en question, répondant au nom de Georges Briggs, paraîtra au contraire bien plus fort et glorieux, et notamment plus classe, ayant le rôle toujours plaisant du bon vieux loup expérimenté du Far West.

Ce road western movie cru, brutal, et alimenté par un réalisme des plus saisissants, ne nous laisse jamais au bout de nos surprises. Même si la trame paraît aussi lente que le chariot conduit par les deux protagonistes et contenant les trois jeunes femmes atteintes, Tommy Lee arrive à subjuguer le spectateur de par quelques alléchants coups de théâtre. Il est malgré tout dommage que ce dernier n'approfondisse pas plus l’état second de ses trois malades mentales qui sont, il faut le reconnaître, rudement bien interprétées. Le fait que le personnage de Briggs agisse en véritable sauveur par moments laisse entendre que le réalisateur texan n’a tout de même pris aucun risque et tend à rester dans les codes du western classique, ce qui casse parfois la constante ambiance hostile que Jones avait convenablement réussi à implanter. Effectivement, ce dernier parvient à rendre la plupart des séquences oppressantes, et ceci même avec un décor environnant désertique, en grande partie grâce à une très bonne bande originale frémissante en parfait accord avec le sujet.

Le lien qui unit les deux personnages moteurs devient on ne peut plus spécial au cours de l’interminable voyage, et laisse quelquefois place à des retournements de situation tout à fait improbables qui émeuvent sans aucun doute le spectateur. Tommy Lee nous rappelle également que dans un monde où la loi n’est plus maître de quoi que ce soit et où même le pouvoir financier a du mal à se faire respecter, il ne reste plus que la foi aux hommes. De là découle la quintessence du film, se résolvant dans une subtile mysticité, et l’on se demande tant bien que mal si la personne de Briggs n’est finalement pas un émissaire venu d’ailleurs, une sorte de guide pour ainsi dire, animé par une volonté profonde et morale de venir en aide aux “brebis” de Dieu, quand toute once d’humanité a disparu sur terre.
 
Au final, les deux heures passent très vite et l’on est marqué par un dégoût de plus en plus prononcé au fil des péripéties, grâce à une réalisation réussie et admirable. Une appétissante production Besson en somme. Le western finit par ne plus avoir aucun secret pour M. Jones.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Contact

Nom

E-mail *

Message *