mardi 17 juin 2014

True Detective - Saison 1, de Nic Pizzolatto (2014)

True Detective - Saison 1, créée par Nic Pizzolatto, avec Matthew McConaughey, Woody Harrelson, Michelle Monaghan (8 épisodes de 60 min)

Synopsis

Les détectives Rust Cohle et Martin Hart enquêtent sur un tueur en série au mode opératoire très particulier...

La critique de Mickey

Souvent décriée comme la meilleure série actuelle, parfois même élevée au rang de chef d'oeuvre flirtant avec le Saint-Graal du petit écran Breaking Bad, True Detective a suscité dès sa première diffusion un engouement des plus intenses au sein de la sphère cinéphilique. Mais qu'en est-il réellement : tous les éloges sont-ils mérités ? Levons de suite le voile sur ce mystère : la réponse est non, même si la série peut aisément prétendre au statut d'excellence.

Dès les premières minutes où votre regard se pose sur l'oeuvre de Nic Pizzolatto, un charme quasi divin opère immédiatement tant le générique se révèle à la fois sublime, impérieux et envoûtant, de par la photographie mirifique, le montage virtuose et l’enchanteresse mélodie du titre Far From Any Road du groupe The Handsome Family. Passée cette ouverture médusante, la série nous plonge aussitôt dans les méandres obscurs et poisseux de la Louisiane, dont l'atmosphère glauque n'est pas sans rappeler celle de Seven de Fincher. Débute alors une passionnante et sombre enquête dédaléenne, parsemée de cadavres, mystères plus fascinants les uns que les autres, abominations humaines en tous genres... et réflexions philosophiques intrigantes. Ce dernier point symbolise la spécificité de True Detective car rares sont les séries policières faisant preuve d'audace quant aux dimensions éthique, idéologique et psychologique (on ne citera que Les Experts et tous ses dérivés formatés où le scénario est relativement lisse et limpide).

Cet aspect raffiné nous amène au tandem, ô combien charismatique, McConaughey (Rust Cohle)/Harrelson (Martin Hart), pilier central de la force de la série. Le premier, aux antipodes du second qui se veut être une personne se laissant naïvement et primitivement porter par les aléas de la vie, incarne l'Homme psychologiquement torturé dans toute sa noire splendeur, des divagations philosophiques aux réflexions sur la mort, l'animosité de l'humain, les dérives et interprétations de la religion, l'amour, la rage et autres préoccupations morales et existentielles, en passant par la déprime. Encore une fois, l'acteur Texan crève l'écran, faisant un peu d'ombre à son partenaire pourtant impeccable, et livre une performance des plus sidérantes, symbolisant l'âme spirituelle de la série. Si de prime abord ces multiples analyses philosophiques intriguent voire captivent, au bout de plusieurs épisodes, ces réflexions mystérieuses à la limite du délire psychologique parfois, harassent et laissent un arrière-goût de prétention. La note finale du dernier épisode, un poil décevant tant son dénouement s'avère classique après une enquête si originale et palpitante, vient renforcer cet éreintement intellectuel, tant elle se veut pompeuse et arrogante dans son discours sur l'existence de toute chose et le Bien et le Mal.

Côté technique, les décors de la Louisiane n'ont pas fini de vous subjuguer, tout comme la photographie absolument renversante forte de filtres subtilement utilisés, et la mise en scène se révèle virtuose (entre autres, le plan-séquence magistral de l'épisode 4 est une leçon de réalisation). L'ensemble confère une véritable puissance à la série, renforcée par des seconds rôles frôlant la perfection qui n'ont pas à rougir face aux deux mastodontes du grand écran. True Detective se veut une série complexe, audacieuse et orchestrée avec maestria, malheureusement déparée par une prétention trop prononcée comme on peut l'observer chez certains réalisateurs à l'instar de Lynch ou du plus récent virage de Cronenberg. Si le statut d'excellence du nouveau phénomène de HBO est indéniable, celui de chef d'oeuvre est discutable.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Contact

Nom

E-mail *

Message *