lundi 18 août 2014

Under the Skin, de Jonathan Glazer (2014)

Under the Skin, réalisé par Jonathan Glazer, avec Scarlett Johansson (1h47min)

Synopsis

Une extraterrestre prénommée Laura arrive sur Terre avec un objectif précis : séduire des hommes pour se nourrir d'eux ensuite...

La critique de Ginlange :

Under the Skin est le troisième film de Jonathan Glazer en 13 ans. Peu productif, le réalisateur britannique adapte ici librement la nouvelle Sous la Peau de Michael Faber. Si ses précédents films étaient munis d’une atmosphère déroutante, celui-ci ne déroge pas à la règle et se révèle non seulement unique, mais également un OVNI cinématographique qui dépasse le statut même de simple film.

Under the Skin est une œuvre sensorielle faite de sons - percutions, fourmillements et grincements totalement immersifs tout le long du film - et images subliminales, telle la danse nuptiale de notre protagoniste extraterrestre qui apparaît à plusieurs reprises au cours du long métrage. Aussi fascinante que dérangeante, cette scène reflète le film en lui-même : perturbant. La mise en scène oscille entre des images psychédéliques et des séquences proches du documentaire, certaines étant même filmées en pleine rue, avec une caméra cachée en "GoPro" pour profiter de la réaction des passants face au personnage de Laura. A partir de là, faire la différence entre le réel et l’imaginaire devient difficile et nous sommes nous aussi hypnotisés par cette douce créature. 

Cette fable expérimentale est portée par une Scarlett Johansson à la fois habitée, méconnaissable et d’une beauté organique enchanteresse, si bien que jamais l'actrice nous a livré une telle performance. Aussi sublime et envoûtante qu’inquiétante, tout le long métrage tient sur ses épaules. Elle se livre totalement à la caméra et disparaît pour laisser place à son personnage. Tout en gestuelle et avec le regard, nous affrontons avec elle son abrupt voyage sur terre : l’errance d’une mante religieuse qui, à force de côtoyer l’être humain, devient elle aussi humaine. C’est un véritable parcours initiatique que nous suivons avec elle en terre inconnue.

Confrontée aux hommes d’une unique manière à travers le sexe, elle va chercher à analyser et comprendre par ce moyen l’âme humaine au fils de ses conquêtes, y découvrant ainsi la solitude, le désir, la compassion, la peur et la tristesse.
> L’arc le plus touchant du film reste sans doute celui de l’homme défiguré à cause de la neurofibromatose (une maladie rare) grâce auquel elle va exprimer pour la première fois des sentiments et même le laisser s’enfuir.
Là où elle est sûre d’elle mais solitaire au début du film, elle se retrouve perdue et pleine d’incompréhension à la fin, à cause de ce caractère humain naissant en elle et son désir de faire partie de l'humanité. Mais le réalisateur nous prive de toute explication sur ses véritables intentions, seules restent les interprétations personnelles qui peuvent être multiples selon le spectateur : les uns y verront une critique pessimiste de l’être humain et de ses travers, les autres un portrait de la féminité avec ses peurs et ses envies et certains une mise en abyme sur la condition d’acteur.

L’atmosphère du film, peu commune, ne laissera personne de marbre. Oppressante mais saisissante, elle est le principal attrait d’un film qui peut paraître assez opaque et répétitif si le spectateur n’est pas entièrement captivé par le spectacle. Unique en son genre Under the Skin est une expérience à vivre qui restera gravé dans votre esprit, après pour de bonnes ou de mauvaises raisons, à vous de voir.

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