jeudi 25 septembre 2014

Inside Llewyn Davis, de Joel et Ethan Coen (2013)

Inside Llewyn Davis, réalisé par Joel et Ethan Coen, avec Oscar Isaac, Carey Mulligan, Justin Timberlake (1h45min)

Synopsis

Dans les années 60, Llewyn Davis, chanteur américain, tente tant bien que mal de se faire une place en tant que musicien reconnu...

La critique de Powell

Inside Llewyn Davis est l'histoire d'un échec. L'échec perpétuel comme l'aiment à raconter les frères Coen. Ces deux là ont toujours aimé les loosers magnifiques (The Big Lebowsky, O'brother, Burn After Reading, A Serious Man...).Les deux frères trouvent ici leur perdant idéal en la personne de Llewyn Davis. Cet homme semble maudit. Musicien folk ayant frôlé le succès en duo, il se retrouve seul à la mort de son partenaire. C'est la guitare à la main qu'il ère entre cafés (ou se succèdent des musiciens improbables), et les rues de Greenwich, enneigées.

Les deux réalisateurs filment un récit kafkaïen avec brio, enchaînant tour à tour de longues scènes d'errance, puis des rencontres. Les personnages secondaires sont tous parfaitement interprétés, avec une mention spéciale pour Carey Mulligan (parfaite en ex-copine névrosée) et John Goodman (producteur de jazz bougon et intolérant). Porté par un grand Oscar Isaac, Inside Llewyn Davis est une sorte de quête initiatique dont on sait dès le départ qu'elle n’aboutira pas. Une sorte d'Odyssée. Le chat d'ailleurs se nomme Ulysse. Ce n'est pas un simple clin d’œil à O'brother. Le dernier Coen est une sorte de remake sombre du film sorti 14 ans plus tôt. La folk remplace le blues, la neige remplace le désert, mais tout reste étrangement similaire. John Goodman joue presque le même rôle dans ces deux films. Il est le cyclope de l'Odyssée.

La musique (signée Dave Van Ronk, obscur "folkeux" ayant inspiré le personnage de Llewyn Davis) est omniprésente et jouée en live (performance à saluer). Les frères Coen réussissent l'exploit de rendre la folk intéressante (voire hilarante lors de la scène d'enregistrement de "Please Mr Kennedy"). Oscar Isaac chante une ritournelle "Hang me, oh hang me and I'll be dead and gone..." émouvante du début à la fin du film. L'acteur est épatant, à la fois fragile et odieux, pitoyable et attachant. Il ère sans fin, guitare à la main, comme si le succès l'attendait au coin de la rue. Au final, ce voyage est un voyage statique. Llewyn parcours une longue distance, sans pour autant avancer. Encore une fois, les frères Coen réussissent à faire rire les spectateurs du malheur des personnages. Rire mais aussi pleurer.

Inside Llewyn Davis est un très beau film, à la fois sombre, drôle et émouvant, avec comme toujours chez les Coen, une touche de fantastique.. et une scène finale éblouissante... Il n'y a pas besoin de s'intéresser à la folk pour apprécier ce film. Il faut le prendre comme il vient, ni plus ni moins que le récit des galères de monsieur tout le monde. Un monsieur tout le monde qui rêve et qui croit en ses rêves.

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