jeudi 30 octobre 2014

Gladiator, de Ridley Scott (2000)

Gladiator, réalisé par Ridley Scott, Russell Crowe, Joaquin Phoenix, Connie Nielsen, Djimon Hounsou (2h35min)

Synopsis

Mourant et jugeant son fils Commode incapable de prendre les rênes de Rome, l'empereur Marc Aurèle demande à son plus fidèle et émérite général Maximus de lui succéder. Commode, fou de rage, assassine son père et s'empare par la force du pouvoir. Jaloux du prestige de Maximus, il ordonne son arrestation et son exécution. Le général parvient à échapper à ses assassins mais ne peut empêcher le massacre de sa famille. Déserteur, un marchand d’esclaves le capture. Maximus devient alors un gladiateur prêt à tout pour venger sa femme et son fils... 

La critique de Mickey

L'année 2000 aura été un tournant dans le genre du péplum. Ridley Scott, auteur d’œuvres majeures du 7e Art comme Alien ou encore Blade Runner, redonne alors ses lettres de noblesse à un genre tombé en désuétude depuis son âge d'or des années 60 avec les magistraux Spartacus et Ben Hur. Encensé par les critiques presse et spectateurs à sa sortie et lauréat de nombreuses récompenses comme les Oscars du meilleur film et du meilleur acteur - pour Russell Crowe - Gladiator a su depuis maintenant presque 15 ans se hisser au statut de chef d'œuvre universel, et même encore plus comme un film nécessaire voire indispensable. Revenons aujourd'hui sur cette référence du péplum qui incarne l'une des œuvres les plus fortes de Ridley Scott, si ce n'est la plus aboutie.

S'ouvrant sur une scène de bataille grandeur nature à la fois prenante et ultra-réaliste grâce à des ralentis immersifs - qui peuvent au passage harasser comme faire jubiler - une mise en scène caméra portée endiablée - même si certains y verront davantage une réalisation confuse quasi épileptique - et une bande originale divine aux tonalités épiques rares signée Hans Zimmer, le péplum vu par Ridley Scott annonce d'emblée la couleur : il sera à la fois puissant et intense avec une portée émotionnelle palpable. Mais Gladiator révèle surtout un souffle homérique suprême dans ses scènes de combats de gladiateurs au son des glaives dans l'arène. Cet élan héroïque gagne en puissance à travers une mise en scène ultra-fluide et surtout extrêmement lisible, témoignant du travail minutieux et de l'inspiration magistrale du cinéaste (l'affrontement final incarne une apothéose que vous n'êtes pas prêt d'oublier). Par ailleurs, il est indispensable de noter la splendeur médusante de certains plans de Rome, renforcée par des effets de lumière mirifiques. D'ailleurs le réalisateur en use à plusieurs reprises dans les scènes de jeux du Colisée avec un dosage parfait, embellissant la mise en scène des affrontements et la photographie déjà somptueuse. Le célèbre compositeur germano-américain, quant à lui, confère à ces instants crus et massifs une dimension sentimentale incroyablement intense à travers des mélodies divinement exquises, insufflant chez le spectateur des émotions brutes uniques, de la jubilation dans l'effervescence des combats intensément épiques aux larmes dans les instants dramatiques en passant par les frissons dans l'arène.

Le casting - minutieusement sélectionné par Ridley Scott comme à son habitude - n'est bien entendu pas étranger à la puissance émotionnelle du film, Russell Crowe en tête, absolument renversant et bluffant de réalisme dans son rôle de général en quête de vengeance. Cependant, limiter les interprétations à la seule tête d'affiche serait inconcevable tant les seconds rôles sont impeccables. On pense notamment à Joaquin Phoenix, déjà diablement charismatique à l'époque, qui livre un jeu d'acteur remarquable dans la peau du fils renié en quête absolue de reconnaissance et de pouvoir, ou encore à Connie Nielsen, parfaite dans son rôle de captive froide et moralement torturée. Une pensée va bien entendu au regretté Oliver Reed, décédé pendant le tournage, qui nous gratifie d'une interprétation propre et impliquée. Mais les personnages ne renforcent pas simplement la trame dramatique du long-métrage, ils sont associés à une profondeur psychologique. Le réalisateur exhibe de manière limpide sa volonté de faire de Gladiator une œuvre dense. Entre trahisons, jeux de dupes, manipulations et réflexions existentielles et politiques, le péplum signé Ridley Scott s'envole.

Au final, non seulement le cinéaste redonne ses lettres de noblesse à un genre délaissé depuis plusieurs décennies, mais il parvient également à insuffler une dimension émotionnelle incroyablement puissante en plus d'une densité scénaristique rare. Révélant des acteurs d'un charisme impérial - Russel Crowe et Joaquin Phoenix - Gladiator brille par une interprétation époustouflante, une excellence technique remarquable avec une mise en scène médusante au service de scènes de combats à la fois fluides et lisibles, et un souffle épique unique et puissant renforcé par une bande originale divine. Le péplum s'impose comme une référence virtuose du genre et plus encore, comme un chef d'œuvre intemporel du 7e Art. "Strenght and honor."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Contact

Nom

E-mail *

Message *